L’artiste italien Mattia Bosco investit le temple de Vénus et de Rome, entre le Forum Romain et le Colisée, avec une installation composée de 12 sculptures en marbre. Créées spécialement pour l’exposition, ces pièces font surgir sous d’autres formes les marbres antiques qui occupaient autrefois ce même espace. Le matériau, au centre de la démarche de l’artiste, devient ici le protagoniste d’une histoire qui unit passé, présent et avenir.
Le temple de Vénus et de Rome, un immense bâtiment sacré inauguré en 136 après J.-C., contenait de précieuses pièces de marbre, aujourd’hui en grande partie enlevées. Ces marbres antiques, importés par les Romains des régions les plus éloignées de leur vaste empire, dessinaient par leur diversité la gigantesque mosaïque sur laquelle s’est bâtie le pouvoir de la Rome éternelle.
Avec l’exposition Kόrai, Mattia Bosco réintroduit ces précieux matériaux dans les vestiges de l’ancien temple sous une nouvelle forme. En accord profond avec l’esprit du lieu, ces 12 sculptures en marbre créent l’impression d’un lointain qui refait surface, de quelque chose qui a été retiré et qui réapparaît, comme d’anciens habitants qui reviendraient sous un nouvel aspect, méconnaissables, transformés, mais révélant par leur façon d’habiter l’espace qu’ils sont ici chez eux.
Le protagoniste actif du projet est le temple lui-même, divisé en deux espaces adjacents : la chambre dédiée à la déesse de Rome, incarnation de la Ville éternelle, et la chambre de Vénus, déesse de la beauté et génitrice de la gens Iulia.
Dans la première, neuf sculptures de taille humaine seront disposées en cercle, toutes de même forme mais chacune taillée dans un marbre différent : le Cipollino, le Portoro, le Bardiglio, le marbre statuaire de la carrière de Michel-Ange… Après avoir été des colonnes, des sols marquetés et des revêtements muraux, ces matériaux reviennent en tant que sculptures, générant une continuité matérielle et temporelle qui unit le passé, le présent et l’avenir.
A la fois semblables et distinctes, ces neuf pièces donnent leur nom à l’exposition, « Kórai » (pluriel de korè) « parce qu’elles ont la même présence hiératique que les vierges de la sculpture grecque archaïque ». Vestales du temple, les œuvres de Mattia Bosco célèbrent le plus vieux culte du monde, celui de la matière dont elles sont faites, celle-là même qui nous constitue.
Cette exposition a vu le jour dans le cadre du programme Level 0, mis en place par Artverona, qui invite les musées et les fondations privées à identifier chacun un artiste présent à la foire, et à le promouvoir dans sa programmation future par le biais d’une exposition, d’une installation, d’une conférence, d’une publication ou d’un atelier.
Pour la 16e édition de la foire, en 2021, vingt institutions italiennes étaient sélectionnées, parmi lesquelles le Parc archéologique du Colisée (ParCo), à Rome.
Daniele Fortuna, responsable des exhibitions et des manifestations du ParCo, a choisi Mattia Bosco en raison des résonances entre son travail et la mission du parc archéologique, notamment : la recherche par l’artiste du potentiel sculptural des matériaux et son processus créatif qui part du désir de faire émerger spontanément la forme naturelle de la matière, en l’harmonisant avec les lieux et les situations.
Mattia Bosco est représenté par la galerie Artistics qui a participé au financement de l’exposition.
Exposition du 22 septembre 2023 au 3 mars 2024
Parc Archéologique du Colisée
Piazza Santa Maria Nova, 53
00186 Roma
