Francesca Bernardini : le marbre sous tension

L’artiste italienne Francesca Bernardini a développé une relation avec le marbre qui relève de l’intime. « Si je le traite bien, il me donne ce que je veux de lui » dit-elle. A la fois journal intime et archive de sa relation au monde, son œuvre nous parle d’introspection et d’ouverture aux autres, de l’enfance et des aspirations de l’âge adulte. Ses sculptures sont traversées par une tension dans laquelle le spectateur trouve un écho à ses propres élans et à ces oscillations intérieures que les mots ne peuvent pas traduire.

 

 

 Née à Carrare, une ville de Toscane mondialement connue pour le marbre de très haute qualité extrait de ses carrières, Francesca Bernardini a choisi ce matériau pour façonner un langage visuel d’une grande originalité.

Le marbre est à la fois le dépositaire, l’interprète et l’archive de son rapport au monde. L’artiste puise dans la nature des formes qui font écho à ses états intérieurs. Elle se les approprie, amplifie certains détails ou certaines proportions jusqu’à atteindre le point de convergence entre ce qu’elle observe au-dehors et ce qu’elle ressent au-dedans.

Son registre est celui de l’intime, de l’intuition, du savoir que l’on acquiert par une observation attentive et directe des choses qui nous entourent, de notre relation aux autres, de nos besoins et de nos élans. Parce que ce vécu, ces émotions et ces ressentis sont partagés par tous, ses œuvres trouvent une résonance en chaque spectateur : elles nous parlent du besoin de protection et de sécurité (série Nests, Cocoons, Crysalises) autant que de la nécessité de la communication (série Connections), de la douceur des souvenirs d’enfance (série From the Abyss) comme de la maternité.

Ses sculptures aux formes douces sont parcourues par une tension qui effleure la surface du marbre, à l’image de cette chrysalide qui semble sur le point de se briser. « La chrysalide ou le cocon évoquent pour moi une évolution, un désir de grandir, de changer pour le mieux » commente l’artiste. « Je suis fascinée par ces petits abris où l’on peut sentir à l’intérieur la pulsation de la vie. Et par ce moment extrême de tension, quand la chrysalide est sur le point de se briser, ou qu’une graine est sur le point d’éclore, c’est quelque chose qui a beaucoup inspiré mes recherches. Cette tension, c’est ce que je recherche dans ma sculpture. J’aime quand les lignes ‘courent’ vite, sans rien qui vienne les interrompre, j’aime ce dynamisme. »

C’est aussi pour cette raison que l’artiste privilégie un marbre uniforme, noir, blanc ou gris. Elle tient à écarter tout ce qui pourrait perturber la lecture des volumes, distraire l’œil du spectateur et le perdre dans le détail plutôt que d’appréhender la sculpture dans son ensemble.

Quelquefois pourtant, elle rehausse ses sculptures de quelques discrètes touches d’émail coloré : pour ranimer cet étonnement et cet émerveillement que suscite la découverte de la nature quand on l’observe pour la première fois.

 

 

A propos de l’artiste :

Francesca Bernardini est née en 1974 à Carrare, en Toscane. Elle obtient un diplôme en sculpture de l’Académie de Beaux-arts de Carrare en 1999 et commence à travailler dans un atelier historique de la ville, où elle apprend avec passion les techniques traditionnelles de sculpture sur marbre. Depuis le début des années 2000, son œuvre a été l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives dans des institutions et des galeries à l’international, notamment en Europe et en Asie. 

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