L’œuvre, une figure en plâtre représentant une femme aux bras levés, est à découvrir jusqu’au 7 janvier prochain au siège parisien de l’institution dans le cadre de l’exposition « Les Aliénés du Mobilier national ».
Pierre Yermia : Figure aux bras levés. Sculpture en plâtre, 150 x 30 x 30 cm. Photo : Isabelle Bideau.
Elle pourrait s’appeler « Ceci était un pied de lampadaire ». Mais c’est sous le nom de « Figure aux bras levés » que cette sculpture de Pierre Yermia a rejoint les collections du Mobilier National. L’artiste, représenté par Artistics, a été sélectionné par Yves Badetz, commissaire de l’exposition, pour participer à la seconde édition des « Aliénés du Mobilier national ».
Successeur du Garde-Meuble de la Couronne (rebaptisé service du Garde-Meuble des consuls puis Mobilier impérial), le Mobilier National œuvre à la conservation, la restauration et l’entretien d’environ 130 000 objets mobiliers et œuvres textiles destinés à l’ameublement des résidences présidentielles et des palais officiels. Ces pièces inaliénables peuvent changer de statut lorsqu’elles perdent leur caractère patrimonial. Elles sont alors détruites, vendues ou démembrées pour récupérer les matériaux qui les composent.
Sous l’intitulé « Les Aliénés du Mobilier national », l’institution se propose d’inventer un autre destin à ces pièces, dans le cadre d’une démarche innovante et écologique. Trente-quatre artistes plasticiens ont ainsi reçu carte blanche pour réinterpréter ce mobilier de peu de valeur patrimoniale afin qu’il puisse réintégrer les collections du Mobilier national.
Pierre Yermia s’est ainsi vu confier un pied de lampadaire en métal doré, daté de circa 1950, composé d’un axe vertical et de trois pieds en fer forgé recourbé. L’artiste a choisi de découper les différents composants et de les assembler à nouveau pour composer l’armature d’une figure en plâtre représentant une femme aux bras levés.
En recouvrant totalement l’objet de départ jusqu’à le rendre invisible, Pierre Yermia a choisi une démarche qui l’inscrit à contre-pied de la grande majorité des autres œuvres exposées. Une démarche qui témoigne de la constance de sa recherche et de la cohérence d’une œuvre qu’il développe depuis plus de trente ans en se gardant de céder aux tendances et aux courants de son époque.
Le travail de l’artiste se nourrit de l’histoire de l’art dans sa globalité : depuis l’art archaïque grec, l’art cycladique voire, par certains aspects, l’art égyptien antique, jusqu’à l’œuvre de Henry Moore et de la génération d’artistes britanniques qui lui emboîte le pas, parmi lesquels Elisabeth Frink.
Pierre Yermia ne cherche pas à capter le « zeitgeist », l’esprit du temps forcément éphémère et transitoire. Ses figures aux corps massifs soutenus par des membres frêles, fermement encrées au sol et qui donnent pourtant l’impression d’être en équilibre précaire, nous parlent de l’universalité de notre expérience humaine, d’une humanité toujours sur le point de vaciller et cependant portée par un irrésistible élan.
Exposition Les Aliénés du Mobilier national, le retour.
Mobilier national – 42 avenue des Gobelins, Paris, France
Du 11 octobre 2023 au 7 janvier 2024. Entrée libre.
