Pawel Żak

Les photographies contemporaines de natures mortes hors du temps de Pawel Żak offrent une plongée singulière dans un univers minimaliste, à la composition sophistiquée, et poétique.

Du dessin à la photographie, débuts d’un parcours

Pawel Żak est né en 1965 à Varsovie (Pologne), où il vit et travaille toujours. Il a ressenti très jeune un vif intérêt pour les arts plastiques, qui se matérialise dans un premier temps par son désir de peindre. Au lycée, il jongle entre différents moyens d’expression : dessin, écriture, photographie. À l’époque, cette dernière lui sert principalement à documenter son quotidien. Il prend des clichés de sa famille, de ses amis. Il se cantonne à être un témoin du réel.

Après le lycée, Pawel Żak étudie les sciences sociales à l’Université de Varsovie et il est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Poznan. En parallèle, il continue sa pratique de la photographie et s’inscrit au Study of Photography, organisé par l’Association of Polish Art Photographer.

« Tales », la première série de photographies de Pawel Żak

À la fin des années 1990, la série la plus connue de Pawel Żak « Tales » — qui lui fait débuter sa carrière sur la scène photographique polonaise puis internationale— nait d’un hasard. Au cours d’expérimentations, l’artiste sélectionne des objets qui l’entourent et les place dans une installation modeste : une poire et un morceau de carton par exemple. Quand l’artiste réalise les premiers tirages de ces tentatives, il est déçu. Il laisse alors les négatifs au sol. Quelques semaines plus tard, Pawel Żak les reprend et les place de nouveau dans l’agrandisseur. Les tirages sont devenus beaucoup plus sombres. Des traces de poussière et des rayures sont apparues. Grâce à ces accidents, les photographies gagnent en profondeur, en mystère. Ce moment marque le début de la série « Tales » et de son travail sur les natures mortes.
À propos de la série « Tales », Pawel Żak note également : « J’ai senti que ce n’est qu’à travers une image fabriquée que je m’exprime pleinement. La réalité m’intéresse, mais pour parler du fond du cœur, j’ai besoin d’une image que j’ai conçue et que je contrôle parfaitement. »

Adam Mazur, curateur, souligne quant à lui : « La nature morte en photographie est une double mort des choses. Tout d’abord, la nature meurt et est transformée en art par la composition et l’abstraction. Comme la photographie est morte dans son essence, elle peut immobiliser à la fois les processus de croissance et de décomposition. Ce paradoxe est à la base des œuvres d’art de Paweł Żak ».

« Une image apparaît dans mon esprit et n’a pas encore de signification. »

Au départ de chaque photographie de Pawel Żak, il y a une image. L’artiste explique qu’il se sent comme un médium doué d’intuitions sous forme visuelle : « Une image apparaît dans mon esprit et n’a pas encore de signification. Du moins, je ne l’interprète pas à ce moment-là. Ce n’est pas une pensée visualisée, c’est une image que je ne peux qu’essayer de lire. Je l’esquisse et, parfois, je la comprends tout de suite. Parfois pas vraiment. Je ne sais pas encore ce qu’elle signifie. Ce n’est que plus tard que ses significations me parviennent. » Ces clichés sont le résultat d’un travail lent, qui débute souvent par un croquis capturant cette première impression, puis tentant de l’interpréter.
En outre, le photographe contemporain ne figure pas sur son travail. Pourtant, le spectateur ressent sa présence discrète, mais continuelle, sur chacune de ses œuvres. En effet, le regard de Pawel Żak sur l’image d’une réalité qu’il a lui-même créée témoigne de sa sensibilité et illustre sa vision du monde.

Des tableaux photographiques minimalistes et oniriques

Les œuvres de Pawel Żak sont autant de tableaux photographiques qui représentent des objets inanimés de l’espace domestique (fruits, fleurs, jouets…), un choix qui dénote l’originalité de sa démarche. Si la nature morte est un genre classique dans l’histoire de la peinture, elle se fait plus rare dans le champ de la photographie contemporaine, où l’accent est davantage mis sur les portraits, les paysages et la photographie de rue.
Pawel Żak puise par ailleurs son inspiration dans l’histoire de l’art : la peinture hollandaise du XVIIe siècle, célèbre pour ses natures mortes riches de détails et de symboles. L’art abstrait et japonais nourrissent également son travail.

Reconnaissance et expositions

Les photographies contemporaines de Pawel Żak ont fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde entier.
Ses œuvres font partie de collections publiques prestigieuses telles que celles du Musée national de Varsovie, du Centre d’art contemporain de Varsovie, du Musée d’art de Lodz et de la BNF à Paris. Il a également été récompensé de nombreuses fois pour son travail, notamment par le très prestigieux Prix Broncolor de la lumière lors du concours européen de photographie de Vevey, en Suisse, en 1998 pour sa série « Tales ».