L'artiste instaure un dialogue visuel entre deux matériaux très différents pour leur aspect et caractéristiques. La corde, comme si elle contenait la forte pression exercée par une pierre devenue dynamique, transforme cette dernière en un matériau modulable et souple remettant donc en question sa dureté. Cet alliage est donc étonnant et curieux : qui de la corde ou de la pierre exerce une pression sur l’autre ?

Sans pour autant porter en elles une assertion significative marquée, les œuvres de Peter Brooke-Ball surprennent par leur humour, leur sensualité et leur simplicité. Comme lui-même confie, le souhait est celui de créer des objets qui sont « superbes et avec une pointe de mystère ». Manifestant parfois une allusion à la violence ou à la coercition, les sculptures interrogent également les notions de protection et de lien, connectées à l’idée de l’artiste : « Je vois chaque sculpture comme une pensée que je veux garder précieusement en sécurité, de peur qu’elle ne s’échappe ». Bien que chaque observateur réagisse différemment avec sa propre interprétation, les titres des sculptures lui suggèrent souvent un concept, une situation ou une émotion. L’artiste apprécie surtout les commentaires des enfants, libres de toute préconception, ainsi que leur relation avec les sculptures, tactile et instinctive.

Le travail de Peter Brooke-Ball connecte activement et force à la coexistence des matériaux dissemblables, qui sont liés, suspendus, entourés, couverts ou enchainés les uns avec les autres. Dans ses sculptures en pierre et corde, l’artiste entend créer un décalage en allant à l’encontre des propriétés physiques des matériaux et en travaillant sur un paradoxe qui bouleverse le rapport de force entre ces deux éléments : « J’aime l’idée que le souple puisse définir la forme de ce qui est dur ». Les éléments esthétiques contrastants et évocateurs des œuvres de Peter Brooke-Ball contribuent à les rendre extrêmement énigmatiques, parfois troublantes et perturbantes, parfois amusantes et drôles.