Sandra et les becs est une sculpture en grès enfumé de l’artiste contemporaine Cécile Raynal. Elle représente une femme assise sur laquelle se posent deux oiseaux. Ces derniers semblent vouloir interagir avec elle, mais leur comportement est ambivalent. D’un coté ils semblent vouloir l’embrasser, dans un mouvement qui dénote affection et attachement, et de l’autre coté ils peuvent montrer une attitude menaçante, avec leurs becs dangereusement proches de son visage. 

Depuis dix ans, l’artiste réalise des résidences d’art dans des lieux à la marge tels que prison,  maison de retraite, hôpitaux, couvents, réserve de musée, cargo au long cours, centre social. Elle y invite les habitants à poser pour elle. Ces rencontres autour de la création d'une sculpture créent un espace d’échange et de regards profonds. Elles constituent un temps de documentaire, au sens cinématographique du terme, pour s’affranchir ensuite des modèles. En effet les portraits seront détournés par l’artiste dans son atelier et glisseront vers des représentations fictionnelles. Comme toujours dans la sculpture de Cécile, l’art et la vie sont difficilement dissociables. 

Ce portrait fait partie de la série « Des oiseaux et des mères », conçue à partir d’une résidence dans un centre social en Normandie, région où vit la sculptrice. Ce lieu d'accueil pour des enfants et des personnes en difficultés,  est principalement fréquenté par des femmes, de tous âges, dont l’artiste a admiré la force et la ténacité. Cécile a cependant aussi perçu la complexité des mères, à la fois tendres et possessives. « Leurs enfants les sauvent de leurs frustrations ou solitude. En contrepartie leurs forces de protection, leur puissance merveilleuse, s’avèrent possiblement effarantes pour les enfants. ». Les portraits sont donc enveloppés des vies et des ambivalences de ces personnes aux histoires multiples et singulières.

L’artiste souhaite que les sculptures ouvrent une porte aux fables, qu’elles racontent un voyage, en l’occurence de ce centre social un voyage qui rappelle la marelle de nos enfances,  « de la terre jusqu’au ciel ». Les portraits ont donc muté et se sont affublées d’ailes, de becs, de griffes. Les corps des mères et des oiseaux se sont assemblés, en laissant apparaitre de fabuleuses filiations et en émancipant les sculptures de leurs figures originelles. Grâce aux figures animales qui peuplent les installations, l’artiste met en évidence aux yeux des observateurs, les langages communs et les correspondances entre les bêtes et les hommes.

Dimensions de la sculpture en grès enfumé : 90 cm x 47 cm x 40 cm 

Dimensions du socle en cyprès : 106 cm x 30 cm x 34 cm 

Hauteur totale de l'installation : 170 cm