La peinture de Hachiro Kanno puise ses ressources expressives dans la calligraphie japonaise et ses thèmes de prédilection dans la philosophie zen. À la confluence de deux cultures, elle parvient à délivrer un message universel dont le maître mot serait « permanescence ».
Issu d’une famille de calligraphes traditionnels, ayant grandi au milieu des rites shinto, Hachiro Kanno arrive en France en 1968 pour poursuivre ses études à l’école des beaux-arts de Paris. Depuis 1979, il a établi son atelier au Bateau-Lavoir, la célèbre résidence d’artistes de Montmartre où se sont croisés Brancusi, Modigliani, Max Jacob ou encore Picasso…
Sa peinture réalise la synthèse de son héritage oriental et des influences occidentales. La calligraphie japonaise, avec sa façon très gestuelle de tracer chaque ligne, constitue le fondement de sa démarche. L’artiste explore ses possibilités plastiques et la transforme en une écriture abstraite, une « écriture devenue peinture ».
Tantôt souple et voluptueux, tantôt tendu et déterminé, le trait donne à voir la rapidité du geste ou, au contraire, sa lenteur. Avec une palette réduite, Hachiro Kanno joue sur ces contrastes et sur d’autres encore : les pleins et les vides, l’ombre et la lumière…
L’artiste utilise l’encre japonaise et l’acrylique. Pour les blancs, il travaille avec la poudre de nacre qui donne à ses compositions des reflets changeants en fonction de l’angle qu’on adopte pour les regarder. Il y a dans ses toiles ce qui est immédiatement visible et ce qui se révèle peu à peu. Ce sont des images fixes qui se regardent comme un film et se dévoilent dans le temps plutôt que dans l’instant. Comme un voyage de la surface vers les profondeurs de la toile, où le trait ferait office de guide.
Sa peinture est indissociable d’une méditation sur la vie qui reste encrée dans la philosophie zen. Elle s’emploie notamment à exprimer une idée intraduisible par des mots : l’idée de permanence, et de l’essence qui lui est attachée, ce que le peintre désigne par le néologisme de « permanescence ». « Aujourd’hui, quand je peins, je m’exprime d’une façon qui est différente de celle dont je m’exprimais hier et dont je m’exprimerai demain. Et pourtant, en moi, il y a une essentialité qui perdure : hier, aujourd’hui, demain, jusqu’à ma mort et même au-delà… C’est cela que je veux traduire par l’idée de permanescence. »
Ci-dessous, quelques photos prises lors de notre visite à l’atelier de Hachiro Kanno :
