Hachiro Kanno sculpteur

Hachiro Kanno sculpteur

Depuis cet été, le temple zen DAÏ Ô JI au Japon accueille une sculpture de Hachiro Kanno : trois figures géométriques élémentaires (carré, triangle et cercle) suspendues devant un rideau de lianes métalliques. Installée de manière permanente dans le parc de ce temple fondé en 1404 à 150 kilomètres au nord de Tokyo, cette œuvre en fer et en inox s’inscrit dans la réflexion de l’artiste autour de l’idée de « Permanescence ». Hachiro Kanno a très gentiment accepté de répondre à quelques questions au sujet de cette réalisation singulière.


Permanescence (fer & inox, 700 x 800 x 80 cm), août 2014. Photo : Jean-Claude Garnier

Quel est le nom et le sens de cette sculpture ?

Elle s’appelle Permanescence, que je définirais comme la succession des moments essentiels de la vie, éternellement répétés au cours du temps. Mes amis se moquent parfois de moi : « Voila que les japonais se mêlent d’enrichir notre langue… Où va-t-on !? » Mais je ne l’ai pas fait exprès ! Je cherchais seulement à trouver le mot qui allait exprimer ce que j’avais en tête de dire. Un mot, juste un mot. Un néologisme ? Ce serait bien peu pour remercier la France pour tout ce qu’Elle m’a apporté.
Ce thème de « Permanescence » peut être lié à celui de ma période précédente : Plein est vide, vide est plein (Shiki soku zeï Ku – Ku soku Zeï Shiki), qui est une maxime zen. « Est » et non « et » ! Le premier dont le sens est à découvrir et qui est nécessaire pour espérer atteindre un jour le « satori » (révélation). Le second ne veut dire que ce qu’il dit. Cette période faisait elle-même suite à celle que j’avais nommée « Les éléments », symbolisés par le Carré (la terre), le triangle (le feu) et le cercle (l’eau).
En bon japonais, je suis d’abord shintoïste, puis bouddhiste (grand véhicule) et enfin agnostique. Au Japon, c’est possible. Vide ET Plein ? Ma prochaine période ? Pourquoi pas « Vacuité ET Plénitude » !?

Comment est né ce projet ?

Il est le fruit d’une rencontre, au début des années 80, avec KURASAWA RO-SHI (« vieux Maître ») à l’occasion d’un stage « Zen » de mon cru pour lequel j’avais réuni pendant une semaine mes élèves d’Happokaï-France et d’Happokaï-Japon*. Trente ans plus tard donc, souhaitant lui exprimer ma reconnaissance, je lui proposai la réalisation de cette œuvre. Sa réponse :
– Figurez-vous que je souhaitais justement installer, quelque part, « quelque chose » de contemporain, évidemment dans l’esprit du lieu. Vous avez dit « Permanescence » ?  Votre proposition est un signe…
Avoir pu, si modestement soit-il, apporter (juxtaposition délicate de styles différents) une touche contemporaine à ce vénérable sanctuaire est pour moi un honneur.

Avez-vous dû travailler dans le cadre de contraintes particulières ?

Des contraintes lors de sa réalisation ? Le travail du fer, auquel je ne connaissais pratiquement rien, et un  temps exécrable durant toute son édification… Le soleil revint juste pour l’inauguration ! Autre signe !?

Est-ce une réalisation dont vous êtes particulièrement fier ?

Fier de mon travail ? Je ne dirais pas ça. Je suis le huitième enfant d’un prêtre shintoïste, calligraphe reconnu, qui nous a quittés en 2005, à l’âge de 105 ans. Il était père, grand-père et arrière grand-père d’artistes, eux-mêmes parents, ou grands-parents d’encore plus d’artistes ! À commencer par mon frère aîné KEIUN KANNO, fondateur de l’école KEÏ YU KAÏ, qui renonça très jeune au titre de futur chef de famille pour se consacrer totalement à  la calligraphie. Je suis particulièrement fier d’eux tous.
Pour en revenir à l’Auteur de mes jours, je l’ai entendu trois fois (en soixante-dix ans !) donner son avis sur mon travail : « C’est bien ». C’est tout. A ces occasions-là, oui, j’étais presque fier de moi.
Maintenant, il me suffirait d’espérer que certains, grâce aux questions que ma sculpture va leur faire se poser, vont s’approcher de ce fameux « satori ». Ils y arriveront avant moi peut-être. Probablement…
Fier ? Non. Seulement content. Content de croire entendre mon père : « C’est bien »…

* Ecole fondée au Japon à la fin des années 1970

L’oeuvre pendant son montage. Photo : Jean-Claude Garnier

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