
Les peintures contemporaines de l’artiste Guy Oberson, réalisées à la pierre noire ou à l’huile, plongent l’observateur dans un univers ambigu et intemporel. Dans le travail du peintre suisse, la figuration et l’abstraction se confrontent et se complètent.
Un parcours diversifié et non-traditionnel
Guy Oberson nait en 1960 à Billens, un village de la campagne fribourgeoise en Suisse. Bien qu'ayant grandi dans un environnement qui ne le prédisposait pas à une carrière artistique, le peintre gardera toujours un fort lien avec ce lieu d’origine qui a influencé son attachement à la nature. En 1979 il quitte sa région pour partir à Rapperswil dans le canton de Saint-Gall, où il suit un cours de restauration de peintures murales, puis il travaille dans le domaine socio-éducatif.
Pendant cette période il visite la Collection de l’art brut à Lausanne et il en est très marqué, déclarant : « J’ai été totalement fasciné par cet univers qui touche à cette folie que je côtoyais dans mon travail social. J’ai tout à coup retrouvé le plaisir enfantin de peindre. Je me suis reconnecté à des choses très profondes et très libres. ». Plus de dix ans plus tard, en 2000, Guy Oberson décide de se consacrer exclusivement à la peinture.
En 2011 il gagne la bourse de l’Etat de Fribourg et passe une période de six mois en résidence d’artiste à Berlin. Les voyages successifs partout dans le monde inspirent profondément ses réflexions et en conséquence ses thématiques et ses sujets picturaux. Son parcours non-traditionnel et ses expériences diversifiées ont nourri son travail et ont contribué à en construire l’équilibre et la puissance.
L’art de Guy Oberson, une dualité de techniques et de sujets
L’artiste aime expérimenter avec plusieurs techniques et médiums : huiles, installations, céramique, aquarelle, sanguine, gravure. Toutefois, la technique qui caractérise son travail depuis les débuts est la pierre noire, un outil de dessin comparable au fusain dont les noirs sont encore plus mats, intenses et profonds. La pierre noire est également un procédé irréversible, testant ainsi en permanence la maîtrise technique de l’artiste.
Guy Oberson ne dessine pas avec le contour mais à travers l’accumulation de traits ; grâce à ce procédé, les sujets émergent lorsqu’ils sont regardés à distance et, lorsque l’observateur s’approche, ils commencent à se dématérialiser sous ses yeux. L’artiste estompe la pierre noire dans une myriade de stries verticales qui troublent la perception du sujet et rendent la lecture de l’œuvre moins immédiate.
Les dessins à la pierre noire sont figuratifs, représentant des paysages ou des portraits. L’inspiration ici est le réel et le processus artistique commence par l’observation d’un modèle ou souvent d’une photographie. Ces œuvres figuratives se confrontent avec les huiles abstraites ou à tendance abstraite, autre production importante de Guy Oberson. Pour ces peintures, l’inspiration vient de l’imagination ou de la mémoire de l’artiste, qui dispose donc d’une liberté majeure dans son geste. Les deux techniques et les deux types de sujet se complémentent l’un l’autre, invitant à une confrontation.
Les thèmes : l’identité humaine et la recherche de « la vraie vie »
Qu’elles soient abstraites ou figuratives, les œuvres de Guy Oberson possèdent une grande force expressive et un caractère intemporel. Avec ses peintures à la fois mélancoliques et délicates, tourmentées et dramatisées, le peintre contemporain explore des thèmes liés à la société, par exemple la condition des migrants. Il aborde également des thèmes liés à l’identité humaine, comme la relation de l’homme avec le monde animal et naturel ou encore nos mythologies.
Le dernier thème abordé par Guy Oberson est sûrement le plus intime : sa propre perception de la réalité, qui se traduit dans la représentation de l’espace intérieur de l’artiste dans ses œuvres. Ce qu’il recherche est en effet « la vraie vie », « l’odeur de la vie », comme il dit, « la vie, la mort, le sexe, le côté sombre ».
« L'art me permet de restituer de manière poétique, mon rapport à l'intimité, à l'altérité et au sacré. […] Être artiste c'est avant tout une tentative quotidienne de contribuer à la liberté du regard, à l'autonomie de la pensée, à la retransmission d'énergie et de beauté. » Guy Oberson, entretien avec Philippe Piguet (Art absolument no. 78, juillet-août 2017).
La reconnaissance des institutions et la peinture-performance
Guy Oberson vit et travaille entre Lentigny (Suisse), Paris (France) et Berlin (Allemagne). Depuis environ 15 ans l’artiste expose ses œuvres dans des musées, espaces d’art contemporain, fondations, foires et galeries européens, principalement en Suisse et en France. En 2014 il a été récompensé par le Prix de la Fondation Bédikian (Paris) et en 2016 par Prix culturel de l’État de Fribourg (Suisse).
Ses œuvres comptent parmi des collections publiques, dont celle du Musée d’art et d’histoire de Fribourg et celle du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, ainsi que des collections privées, comme la Luciano Benetton Collection à Venise. Guy Oberson est également le sujet de nombreux catalogues et monographies et il a publié plusieurs livres d’artiste avec l’écrivaine Nancy Huston.
Son travail artistique s’étend vers la pratique de la peinture-performance, qu’il a exécutée à travers des réalisations en solo ou en collaboration avec des musiciens et de réalisateurs. En 2017, il a performé avec le compositeur-pianiste Édouard Ferlet et le danseur-chorégraphe Eric Fessenmeyer dans le spectacle « Piano Sketching », présenté au Théâtre de Belleville et au Théâtre du Châtelet (Paris).
- Dessins à la pierre noire