
Chen Yiching est une artiste peintre contemporaine née en 1975 à Taiwan. Elle consacre sa peinture à la production d’œuvres florales dont la délicatesse caractéristique égale la minutie que requiert sa pratique du Nihonga, un procédé particulier de peinture japonaise. Chacune de ses œuvres est une mise en application technique de cette tradition picturale centenaire pour laquelle l’artiste se passionne, et qu’elle s’applique à inscrire dans le paysage de l’art contemporain.
Une artiste guidée par sa sensibilité
Chen Yiching connaît un parcours institutionnel riche. Elle intègre l’institut des Beaux-Arts de l’université municipale des Arts de Kyoto afin d’y étudier la peinture japonaise. Elle étudie aux côtés de Takao Yamazaki, représentant important du Nitten, organisation japonaise consacrée aux Beaux-Arts et à leur exposition. Pendant ses études, Chen Yiching découvre la technique du Nihonga en visitant une exposition. Elle décrit ce moment décisif dans sa vie d’artiste comme un choc esthétique : « l’énergie positive » dégagée par les minéraux qui constituent la peinture lui procurent une émotion qui la marque profondément.
Riche de son enseignement traditionnel, l’artiste s’installe à Paris en 2007 afin de développer une démarche expérimentale au cœur du berceau mondial de l’impressionnisme, mouvement artistique duquel elle se sent proche.
Chez Chen Yiching, la création picturale est affaire de sensibilité. Ses œuvres de peinture contemporaine aux compositions imaginaires figurent des arborescences et des motifs floraux dont se dégage une impression de sérénité. En vertu d’un processus créatif nécessitant du calme et de la concentration, elle parvient à saisir un « moment de la nature ». Consciente de l’impermanence de la vie, Chen Yiching confie son besoin d’éprouver et de connaître un motif avant de le peindre afin de saisir le cycle de la nature.
Le Nihonga comme langage esthétique
Nihonga signifie littéralement « peinture (ga) japonaise (nihon) ». Il entretient un rapport poétique étroit avec les éléments de la nature, à la fois au niveau des sujets de représentations que des matériaux servant à la réalisation technique des œuvres. Bien que traditionnelle, cette technique offre des possibilités créatives à réinvestir sans cesse, notamment au niveau de l’usage de la couleur en peinture. En effet, cette technique nécessite une première étape de création de pigments (enogu) à partir de minéraux et de végétaux broyés qui, une fois mélangés avec de la colle (nikawa) et de l’eau constituent la peinture, matière première du Nihonga. Appliquée traditionnellement en plusieurs couches successives sur du papier marouflé, cette matière première, parfois sublimée par des feuilles de métal, produit une impression de transparence surprenante et typique des œuvres de Chen Yiching telles que Pivoine, Linière ou encore Temps.
Peu répandue en Europe, cette technique traditionnelle possède la finesse et la subtilité que l’on associe à l’art nippon. Elle requiert un savoir-faire important qui se décline à chaque étape de la création picturale : profondément engagée dans sa diffusion en dehors du Japon, Chen Yiching lui a consacré un ouvrage. Publié en 2012 aux éditions Eyrolles, « Découvrir la peinture nihon-ga » est le premier livre en langue française sur le sujet. Depuis 2011, elle enseigne également au Musée national des arts asiatiques – Guimet à Paris.
Perpétuer la tradition du Nihonga dans l’art contemporain
Depuis une vigtaine d’années, la peinture de Chen Yiching est plébiscitée en Asie. En 2003, elle reçoit le Grand prix du musée Shouhaku des mains de son président, le maître Atsushi Uemura, dont elle deviendra l’élève. Cette récompense s’ajoute à une série de onze prix et médailles décernés par des institutions japonaises et françaises.
Exposées à plusieurs reprises à Taïwan, Hong Kong, Tokyo ou Kyoto, mais aussi en Europe, les œuvres de Chen Yiching contribuent à maintenir la présence du Nihonga sur la scène artistique internationale ainsi qu’à perpétuer cette tradition artistique centenaire. Le Nihonga s’intègre de plus en plus à la peinture contemporaine : des œuvres rejoignent les collections de musées tels que le MET de New York ou le musée des Beaux-Arts de Boston. Bien que la pratique compte peu de spécialistes en Europe, elle suscite un intérêt croissant auprès des collectionneurs et amateurs d’art contemporain occidentaux.
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