CHEN Yiching au Musée des Arts Asiatiques de Toulon

Le Musée des Arts Asiatiques de Toulon consacre jusqu’au 21 novembre prochain une exposition à l’artiste taïwanaise CHEN Yiching. L’occasion pour le public de découvrir une vingtaine de ses toiles et de se familiariser avec le Ni-honga, cette peinture traditionnelle japonaise injustement méconnue dans l’Hexagone.

Nous reproduisons ci-dessous un texte rédigé par Guillemette Coulomb, conservateur du Musée des Arts asiatiques de Toulon et commissaire de l’exposition :

Les Japonais, connus pour leur extrême sensibilité à la nature et particulièrement au passage des saisons, fêteront au début du printemps, comme tous les ans, « Hanami » (contemplation des fleurs). Cette coutume vénère le retour du printemps et l’éclosion des cerisiers en fleurs « sakura » qui transforme les rues, parcs et jardins japonais en paradis blanc très odorant, où se déroulent des fêtes traditionnelles.

Parallèlement et ce n’est pas un hasard, le Musée des Arts asiatiques de Toulon célèbrera le retour du printemps avec l’exposition des peintures de Chen Yiching, artiste contemporaine. Ses œuvres sont un hymne à la grandeur et à la beauté de la nature.

Les titres qu’elle leur attribue sont évocateurs du lien très fort qui unit l’artiste à cet univers végétal : « Hanami » immaculé de blanc transparent, « Eclat » pluie d’étoiles filantes, « Voile printanier » avec ses glycines d’un mauve bleuté recouvert d’un voile nacré, « Hiver » fier d’exhiber son Ginkgo en guise de soleil, « Cosmos » qui annonce les couleurs estivales et la douceur retrouvée…

Yiching livre sur un fond blanc (1) les chants et les couleurs des saisons pour nous révéler toute la splendeur et le mystère de la nature. Le langage pictural rappelle les « tours chainés déboulés » des ballerines (2), les couleurs se fondent dans le trait nous donnant une vision en mouvement. Les peintres d’Extrême-Orient ne nous présentent jamais la nature figée (3) ; elle est animée d’un souffle, le « QI ».

Yiching utilise la technique de la peinture traditionnelle japonaise « Nihon-ga » et fait partie des rares artistes contemporains asiatiques vivant en France, à en maîtriser toutes les richesses.

Cette technique venue de Chine durant la dynastie des TANG va influencer l’art japonais au point de devenir, après de nombreuses innovations nippones aux XVIème et XVIIème siècles une forme artistique traditionnelle. Ce n’est que sous l’ère Meiji que le terme Nihon-ga s’oppose à celui de Yo-ga qui désigne la peinture de style occidental.

La maîtrise de cette technique demande de nombreuses années de pratique et un savoir faire exceptionnel quant au dosage des pigments naturels, de nacre, de feuilles d’or et d’argent…

Loin d’être enfermée dans la tradition picturale japonaise, Yiching lui voue son âme, son originalité en tant que peintre et poète ainsi que sa maîtrise remarquable du Nihon-ga. Des récits d’une vie profonde, partagée avec la nature qui traverseront le temps sans jamais vieillir.

Guillemette Coulomb
Conservateur du Musée des Arts asiatiques de Toulon
Commissaire de l’exposition

(1) « La peinture vient s’inscrire sur un fond blanc » CONFUCIUS, Entretiens III, 8.
(2) Tchaïkovski / Casse Noisette / Valse des Fleurs par les Ballets RUSSES (Cannes 2012)
(3) Le Shinto, religion traditionnelle japonaise, admet que tout ce qui fait partie de la nature possède une âme, d’où cette humilité des Japonais envers la nature.

>>> Voir la galerie en ligne de CHEN Yiching <<<

Instant (2012), pigments minéraux, feuilles de métal sur papier marouflé sur bois, 120 x 153 cm.

Printemps (2009), pigments minéraux sur papier marouflé sur bois, 76 x 90 cm.

Vue de l’exposition. Musée des arts Asiatiques de Toulon.

LA PEINTURE JAPONAISE NIHON-GA

Lorsque le Japon lance sa réforme culturelle et politique au VIIème siècle, des étudiants envoyés en Chine véhiculent à leur retour la littérature et les arts de la puissante dynastie Tang. C’est ainsi que le portrait coloré des bouddhas, des femmes et le thème de la nature commencent à exercer leur influence sur l’art japonais, qui se les réapproprie progressivement à partir de sa propre sensibilité.

Ce sont ensuite des artistes talentueux (école Kano, Ogata Kôrin, Yokoyama Taikan, famille Uemura) qui en développent la singularité. Il faut pourtant attendre le XIXème siècle et l’ère Meiji pour que l’ouverture culturelle, accompagnant la modernisation du pays, se double d’un repli identitaire qui fait émerger la notion de nihon-ga (« peinture japonaise », par opposition à la « peinture occidentale » dite yô-ga).

Les outils et matériaux puisent dans les règnes minéral, végétal et animal. Un panneau bois, généralement recouvert d’un papier, constitue le support ordinaire. Il peut aussi s’agir de soie, ou même de coquillage.

Les pigments sont fabriqués à partir de roches, mais aussi de terres, de plantes ou même d’insectes, réduits en poudres de différents calibres : bleu tiré de l’azurite ou du lapis-lazuli, blanc obtenu à partir de coquillages, vert-de-gris issu de la malachite, la cochenille produisant le carmin, l’indigo un bleu, etc.

Le liant utilisé pour fabriquer les couleurs est une gélatine, animale (de peau, d’os) ou végétale (algues), diluée avec de l’eau.

Bibliographie :
• Découvrir la peinture nihon-ga, Chen Yiching. Editions Eyrolles, Paris, 2012.
• Chen Yiching, Catalogue de ses œuvres. Paris, 2013.
• Le Japon au fil des saisons, Musée Cernuschi. Paris Musées, 2014.
• La philosophie de la nature dans l’art d’ Extrême-Orient, Raphael Petrucci. Librairie You Feng, Paris, 2004.

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